Le nom de « Geest », que l’on retrouve fréquemment dans la vallée de la Grande Gette, provient de la forme flamande du nom de cette rivière, tout comme les noms de « Jauche » et de « Jauchelette » en reflètent la forme wallonne. Ce n’est qu’au XIIIe siècle que des noms de saints furent ajoutés pour distinguer les trois localités de Geest situées sur la même latitude entre Jodoigne et Zétrud-Lumay. Avant cela, on parlait simplement de « Gest » (1034).
En wallon, le village se prononce « Remy Jai » et en flamand « Geest ». La commune est limitrophe de Melin, de l’Écluse, de Hoegarden, de Zétrud-Lumay, de Saint-Jean-Geest et de Jodoigne. Le cadastre divise le territoire de Saint-Remy-Geest en deux sections : la section de Neusart et le village.
En 1686, Saint-Remy-Geest comptait 30 maisons, un moulin, deux petites brasseries et deux tavernes. Le village est concentré autour de l’église et le long de deux chemins menant au hameau de Gobertange (sous Mélin). Situé sur un plateau assez élevé, il domine la vallée où coule le ruisseau du même nom.
Le hameau de Genville, situé plus en aval, tire son importance d’un ancien moulin à eau. Son nom pourrait dériver du mot latin « jusum », signifiant inférieur, en référence à sa situation en aval de Saint-Remy-Geest.
La partie nord de la commune forme un vaste plateau descendant d’une part vers la Grande Gette et de l’autre vers le ruisseau de l’Écluse. Tandis que de légères ondulations dessinent cette zone septentrionale, le sud présente un paysage plus escarpé, avec de profonds ravins et une vallée creusée par le Gobertange. Le sol y est généralement argileux et pierreux, mais fertile. L’église est située au point culminant du village.
À la fin du XIXe siècle, l’exploitation de la pierre de Gobertange se poursuivait à Saint-Remy-Geest, où l’on comptait 14 à 15 bures (bures, puits reliant deux galeries de mines), employant environ 60 ouvriers.
Tout le territoire de Saint-Remy-Geest appartient au bassin de l’Escaut, arrosé par la Grande Gette, le Gobertange, le Chebais et le Fonteny.
À cette même époque, les habitants utilisaient l’eau des fontaines Marinale, Treslaine et Goyette.
Des vignobles existaient au XVIIe siècle près du chemin reliant Genville à Louvain. Le village abritait également deux moulins à eau.
Le premier moulin, situé à Geest, appartenait au domaine ducal. En 1278, il fut annexé aux terres de Mélin. En 1388, on l’appelait le « Noir Molin ». Baudouin, seigneur de Fontaines et de Mélin, le reprit ensuite et le donna en mariage, avec sa fille naturelle, à Jean du Bray, qui « mena tellement le moulin », qu’il tomba tout à fait en ruine. Repris en location par Baudouin Henrie qui le restaura, il fut de nouveau abandonné au moment des guerres civiles du Brabant en 1488. Personne ne voulut plus l’affermer.
Le second moulin, celui de Genville, était « banal », c’est-à-dire que les habitants étaient tenus de l’utiliser moyennant redevance au seigneur propriétaire. Sa banalité s’étendait jusqu’à la ferme de Wahange, à l’Écluse, propriété à l’époque du monastère d’Averbode.
Ce moulin appartenait également au domaine ducal et était affermé, mais fut ruiné par les guerres et resta abandonné jusqu’à 1577.
Plus tard Éléonore de Cordova, dame de Melin, le restitua au gouvernement espagnol. Celui-ci l’ayant vendu en 1650, avec le domaine de Jodoigne, Jean-Engelbert, comte de Romrée et de Jodoigne, en céda l’emplacement, ainsi que le cours d’eau et un demi-bonnier de prairie à Philippe Chaltin, moyennant 28 florins de rente annuelle et à condition qu’on ne pourrait rebâtir à cet endroit un moulin à blé, mais seulement un moulin à huile.
Chaltin le céda à Guillaume de Baty en 1739, qui eut un fils, nommé Jean. Ce moulin, que Henri de Geest transforma de pressoir à huile et de batterie de chanvre en moulin à farine (1843) fut acquis de la famille Goes par M.Lesage.
À la fin du XIXe siècle, des travaux importants furent réalisés, augmentant le volume d’eau et améliorant son rendement. Le moulin possédait une seule roue et deux couples de meules. Il servait à fabriquer farine et drêche.
À la même époque, un grand nombre d’ouvriers s’occupaient de l’extraction et de la taille des pierres blanches et un certain nombre d’entre eux travaillaient dans les villes en saison estivale.
Au nord-ouest du village, une plaine appelée « Champ de la Tombe » rappelle l’existence probable d’une tombe, autrefois marquée par un tumulus aujourd’hui disparu.
Selon Gilles d’Orval, les trois Geest étaient situés en dehors du comté de Brugeron, dont les limites passaient entre Genville et Zétrud-Lumay.
Mentionné dès l’an 1034, Saint-Remy-Geest faisait partie du comté de Louvain avant d’être offert, avec son église, la forêt qui y appartenait à l’évêché de Liège, des cultures, des dîmes et d’autres revenus, à l’Abbaye Saint-Laurent par l’évêque Réginard. Depuis cette époque, le monastère Saint-Laurent posséda la plus importante des seigneuries foncières du village.
Geest-Saint-Remy fut l’une des localités qu’un duc de Brabant (Henri Ier très probablement) affranchit de toute servitude moyennant un cens [cens : redevance payée en argent ou en nature par un roturier à son seigneur] annuel.
Au 17e siècle, Saint-Remy-Geest devint une seigneurie distincte dont les possesseurs furent honorés du titre de comte ; on les appela d’ordinaire comtes de Saint-Remy.
L’église de Saint-Remy, sous la collation de l’abbaye Saint-Laurent de Liège, a toujours fait partie du doyenné de Jodoigne.
Lors de la visite de l’évêque de Namur en 1666, il constata l’état satisfaisant de l’église, à l’exception des chapelles latérales, nécessitant des réparations. En 1759, des travaux de reconstruction furent entrepris, mais suscitèrent des plaintes des habitants, menant à un procès. Finalement, un plan fut approuvé en 1760, et l’église fut agrandie en 1768. Les modifications furent réalisées sous la supervision de l’architecte Bovesse.
L’église actuelle se compose d’une nef à trois travées et d’un chœur à deux travées avec abside à trois pans. Une tour carrée, surmontée d’une flèche, abrite deux cloches refondues en 1864. L’église est accessible via une porte latérale au sud.
Lors de la visite de l’évêque de Namur à l’église le 18 mai 1666, celui-ci constata que l’édifice était dans un état satisfaisant, à l’exception des chapelles latérales au chœur, dont l’entretien était à la charge des bénéficiers.
Dans l’une de ces chapelles, dédiée à Notre-Dame, dont le bénéfice était associé à la cure, une fenêtre présentait des meneaux [montant ou traverse de pierre divisant la baie] des anciennes fenêtres brisés, permettant potentiellement à quelqu’un de s’introduire dans l’église.
L’autre chapelle, celle de Saint-Nicolas ne possédait ni nappe, ni candélabre, ni d’autres accessoires liturgiques… ; la voûte et le toit souffraient d’humidité ; bien que les pierres aient été préparées pour poser un nouveau pavement, les membres de la fabrique d’église refusaient de participer à ces travaux. Quant à la sacristie, elle avait été réparée, mais restait dépourvue de pavement, tandis que le cimetière demeurait accessible de toutes parts, inconvénient que l’échevinage s’engagea à résoudre.
Près d’un siècle plus tard, alors que l’église se trouvait dans un état de complet de délabrement, l’abbé de Saint-Laurent, désireux de la reconstruire, entreprit des travaux en 1759. Cependant, les travaux furent menés avec une telle précipitation que le maire, les échevins et les principaux héritiers se plaignirent de ne pas avoir été consultés sur les plans, ce qui donna lieu à un procès devant le conseil de Brabant.
Le 27 août 1760, un nouveau plan pour une nouvelle église fut approuvé. Cependant, la communauté du village ne tarda pas à exprimer des réclamations concernant certains aspects de la nouvelle construction. Un accord fut finalement conclu en 1768, avec l’approbation du seigneur du village, répondant ainsi aux doléances des habitants. Le chœur, jugé trop petit, fut allongé de 16 pieds [de 4,87 m] selon la mesure de Louvain, et une fenêtre supplémentaire fut percée de chaque côté. Un jubé fut érigé au-dessus du portail, et la communauté fit construire une flèche octogonale. Ces modifications furent réalisées selon les plans de l’architecte Bovesse.
L’édifice au cœur de ces débats est constitué d’une nef unique de trois travées et d’un chœur de deux travées, terminé par une abside à trois pans. Cette abside, bien qu’aveugle, est percée sur chaque pan latéral d’une fenêtre quadrilatérale. Le vaisseau est couvert par un plafond en cintre surbaissé. On peut encore observer que la maçonnerie du chœur témoigne de deux périodes de construction distinctes, rappelées par le millésime inscrit à l’extérieur de l’abside, en mémoire des travaux d’agrandissement de 1768. Ce millésime est accompagné d’un ciboire, probablement pour signaler la contribution du curé ou de la fabrique d’église.
À l’avant du vaisseau s’élève une tour carrée, éclairée dans sa partie supérieure par de petites fenêtres, et couronnée d’une flèche. Cette tour abrite deux cloches, qui furent refondues en 1864. Sur l’une de ses façades latérales, orientée vers le sud, se trouve une porte permettant d’accéder à l’église.
La vue de l’église Saint-Remy, visible depuis la chaussée reliant Tirlemont à Jodoigne, offre au promeneur un tableau pittoresque particulier.
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